L’anthroposophie, une pionnière de la durabilité

L’anthroposophie, une pionnière de la durabilité

24 octobre 2025 Sebastian Jüngel 33 vues

Les approches anthroposophiques sont mises en pratique et développées à l’échelle mondiale dans les secteurs économique, pédagogique, agricole et médical. En témoignent des marques telles que ‹ Alnatura ›, ‹ Sonett ›, ‹ École Steiner › et ‹ Demeter ›. Soixante-quinze auteurs montrent dans le recueil ‹ On the Earth We Want to Live › (éditions Springer Nature) que leur démarche contribue au développement durable.


Le développement durable est plus qu‘un concept abstrait ou un outil politique. En témoignent, parfois depuis plusieurs décennies, des initiatives, des institutions et des entreprises pionnières de cette discipline institutionnalisée vers 1972. On trouve parmi elles des fermes biodynamiques, des écoles Steiner, des cabinets médicaux prenant en compte la personne dans sa globalité, des banques écologiques, des entreprises socialement responsables et une science intégrale du vivant.

À partir du système relationnel complexe des milieux de vie terrestres et des liens avec le cosmos, les praticiens développent une conscience responsable en faveur de la justice sociale, de la « dignité de la Terre » et de la mise en valeur d‘un individu productif, capable de penser globalement. Ils considèrent que les objectifs de développement intérieur sont une condition préalable à la transformation extérieure.

Les éditeurs Edith Lammerts van Bueren (photo : privée) et Johannes Kronenberg (photo : Xue Li)

Le concept de « développement durable », qui comporte généralement des dimensions écologiques, sociales et économiques, s‘élargit ainsi, grâce aux points de vue anthroposophiques, à des dimensions de nature culturelle et spirituelle. Cette approche considère que la Terre est un organisme vivant et que l’humanité est potentiellement cocréatrice de son développement.

Dans le recueil ‹ On the Earth, We Want to Live ›, Johannes Kronenberg et Edith Lammerts van Bueren mettent par exemple en avant la force potentielle du concept de « triarticulation de l‘organisme social » dans une économie durable qui n‘est pas « prioritairement régie par des réglementations et des lois » ou par « la libre concurrence et la maximisation des profits », mais par « le principe de solidarité » et « des structures organisationnelles associatives soutenues par la société civile ». Vingt-sept entreprises pionnières issues de domaines tels que la médecine, l‘éducation, le développement social, l‘agriculture et l’industrie alimentaire y présentent leurs méthodes de travail. On trouve parmi elles Alnatura, Freie Gemeinschaftsbank Basel, Weleda, Voelkel, Sonett, Stockmar, Eosta & Robin Food Coalition et Odin Foodcoop, des institutions sociales telles que Kufunda Learning Village, Monte Azul et Freunde der Erziehungskunst Rudolf Steiners, des cabinets d‘architectes tels que 9graden architectuur et des instituts de recherche comme The Nature Institute. Dix-huit auteurs livrent un aperçu, à partir de perspectives scientifiques, des contributions de l‘anthroposophie au développement durable.

Face aux crises pluridimensionnelles, Johannes Kronenberg et Edith Lammerts van Bueren misent moins sur « un instrument de contrôle ou un labyrinthe de certifications » que sur le fait que le développement durable doit « inspirer l‘action et l‘espoir » en faveur d‘« une Terre sur laquelle nous voulons vivre ».


Traduction Jean Pierre Ablard

Livre (en anglais) Johannes Kronenberg et Edith Lammerts van Bueren (éditeurs), On the Earth We Want to Live. Anthroposophy‘s Contributions to Sustainable Development, 638 pages, Springer Nature, 2025. E-book en téléchargement gratuit à partir du novembre 2025 et version imprimée à partir du novembre 2025 au prix de 59 CHF environ

Masterclass et table ronde (en anglais) Emerging Narratives of Sustainable Development. Are we at the end or a new beginning of a socio-ecological era?, le 20 novembre, de 13 h à 21h au Kulturpark de Zurich (Suisse)