Un livre présente des contributions originales de Rudolf Steiner à la philosophie

Connu pour avoir inspiré la pédagogie Steiner-Waldorf, la biodynamie et la médecine anthroposophique, Rudolf Steiner a développé, dans sa thèse et d‘autres ouvrages, une philosophie fondée sur la réalité et l‘activité spirituelle du moi.

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« Il semble que l‘on parte du principe que [Rudolf] Steiner n‘ait rien à dire sur la philosophie », écrit Eckart Förster, coéditeur de ‹ Rudolf Steiner als Philosoph ›, qui montre, dans son ouvrage, comment la compréhension de la philosophie a évolué depuis l‘époque de Rudolf Steiner. Six philosophes y présentent ses apports à la philosophie, qui méritent aujourd‘hui encore quelques débats.

Renatus Ziegler voit, dans la réception par Rudolf Steiner de la doctrine médiévale des universaux, un élargissement vers une « science de l‘expérience de la pensée », menant de la pensée pure « à une perception et une connaissance conscientes, accompagnées par cette pensée d‘entités, d‘événements et de processus concrets spirituellement actifs ». S‘y ajoute la perspective de l‘être humain qui, « en tant qu‘individualité, est apte à déployer son potentiel dans l‘avenir ». Contrairement à Immanuel Kant et Johann Gottlieb Fichte, Rudolf Steiner a mis en avant le côté productif de la pensée humaine, en partant du postulat que « le moi détermine la connaissance », explique Klaus Fergesheimer. La vérité, dit-il, naît de l‘esprit humain : « Ce résultat est libre, car ce qui nous est donné ne peut nous contraindre (nous déterminer) à le reconnaître ». Johanna Hueck développe également le cheminement de Rudolf Steiner « d‘une forme de con-naissance contemplative (représentative) à une connaissance expérientielle (imaginative) », par lequel il changea le cours de l‘histoire de la philosophie. La pensée est « vécue dans l‘âme de façon imaginative, comme une activité essentielle » et cela « ne peut plus être qualifié de philosophie au sens strict » : il s‘agit désormais d‘une « science empirique et expérimentale de la conscience » avec des « instructions pour mener à bien cette expérience ».

À partir de ‹ Vérité et science ›, ‹ Une théorie de la connaissance chez Goethe › et ‹ Philosophie de la liberté ›, Christian Tewes relie la « recherche sur la pensée » de Rudolf Steiner et les approches de la phénoménologie cognitive actuelle : « En distinguant l‘état d‘exception (observation de la pensée) et la pensée intuitive », il aurait « apporté une contribution philosophique importante pour la phénoménologie cognitive », tant sur le plan « purement systématique que très concrètement ».

L‘individualisme éthique peut être interprété comme une continuation de l‘éthique de la vertu dans le contexte de l‘individu moderne aspirant à l‘autonomie, comme une éthique originale de l‘authenticité, explique Andreas Luckner. Dans un autre article, il développe la façon dont Rudolf Steiner, avant la philosophie technique de Martin Heidegger, a décrit le danger de la perte de l‘humanité (par la sous-nature) et suggéré de relever ce défi en développant des capacités spirituelles supérieures (sur-nature) à travers l‘art et les sciences humaines.

Contrairement à Wilhelm Dilthey, Rudolf Steiner, comme le montre Jaap Sijmons, a présenté, dans sa systématique des visions philosophiques du monde, douze regards différents et égaux sur la réalité, qui forment un tout.

Selon Eckart Förster, l‘objectif de ce livre n‘est pas de faire l‘apologie de Rudolf Steiner, mais de susciter la réflexion, « motivée par l‘hypothèse qu‘il pourrait être intéressant, d‘un point de vue purement philosophique, de voir comment, selon Steiner, la philosophie peut permettre d‘aller au-delà de la philosophie ».

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