Alex Podolinsky, in memoriam
Né en Allemagne, à Baden-Baden, d’un père issu de la noblesse ukrainienne et d’une mère allemande, Alex Sergej de Podolinsky – c’est son nom « officiel » – unit en lui sensibilité artistique, énergie et opiniâtreté.
Il eut plusieurs frères et sœurs, dont une jumelle, Alika. Le national-socialisme contraignit les jumeaux à fréquenter un internat britannique. Proches du Goetheanum dès 1938, ils suivirent des cours donnés par des anthroposophes et assistèrent aux répétitions et représentations des spectacles d’eurythmie que dirigea Marie Steiner. Retenus en Allemagne en 1939 lors d’une visite chez des proches à Fribourg-en-Brisgau, ils fréquentèrent l’école de Salem. Engagé de force dans la Wehrmacht lors de la Seconde Guerre mondiale, Alex se consacra ensuite à des études de philosophie à Fribourg, où il suivit probablement les cours d’Heidegger.
Vers le pays ensoleillé
À trois ans, il fit l’expérience marquante d’un rayonnant lever de soleil. Si plus tard, dans l’internat britannique, il comprit au contact d’un camarade australien son désir d’aller dans un pays ensoleillé, ce sont bien les crimes du passé qui le poussèrent en 1949 à émigrer avec sa femme Kathrin en Australie, où ils donnèrent naissance à sept enfants.
D’abord actif dans un centre d’accueil d’immigrants, il participa à la fondation et à la construction d’écoles Steiner-Waldorf en Australie et Nouvelle-Zélande. Il dessina aussi des plans pour des maisons privées. L’acoustique était pour lui l’âme d’une maison. Mélomane, il jouait de la flûte et se produisit dès son jeune âge dans des concerts.
En réponse à une question qu’il se posa en 1946 sur son avenir, il trouva la réponse dans la « vie qui se reproduit ». Il devint agriculteur et développa des modes de culture biodynamique propres à l’Australie, en lien avec les particularités d’un pays aux vastes espaces agricoles. Il fonda vers 1960 l’Association agricole biodynamique d’Australie et l’Institut de recherches en biodynamie. Visiteur des biodynamistes australiens dans leur ferme, il s’engagea pour ce mode de culture jusqu’en Afrique et en Europe. Cet engagement ne s’explique pas seulement par ses très grandes forces de volonté : suite à une émission que lui consacra ABC News (Australian Broadcasting Corporation), il aurait répondu à la chaîne de radio par un commentaire écrit.
Un génie et un combattant
Une autre facette de sa personnalité est la pression qu’il exerça sur ses collaborateurs, certainement poussé par son besoin de ne pas faire la moindre erreur, un trait de caractère difficile au plan social. Ueli Hurter, co-responsable de la section agricole, a écrit dans sa lettre à sa famille et ses amis : « Il fut un génie et un combattant. Sa vision de la vie du sol et des végétaux, son engagement pour les préparations furent profonds, portés par le feu. » Le site http://demeter.org cite Alex von Podolinsky : « Grâce à la biodynamie, nous générons la santé, nous ne guérissons pas la maladie. »
Sebastian Jüngel, d’après diverses sources