Le coronavirus

Le coronavirus

12 mars 2020 Georg Soldner 247181 vues

Les coronavirus font partie du quotidien d’un vétérinaire, mais désormais, le coronavirus SARS-CoV 2 a franchi la barrière qui le séparait de l’être humain. Qu’est-ce qu’un virus, comment attaque-t-il l’organisme et comment pouvons-nous y répondre?


Les virus sont étroitement liés à l’élément physique de l’organisme. Ils sont constitués essentiellement de la substance du génome et peuvent influencer comme celui-ci le métabolisme des cellules, rendant alors ce dernier étranger à l’organisme. Lors d’une infection, les virus pénètrent dans l’organisme ; celui-ci reconnaît alors qu’ils rendent certaines cellules étrangères à lui-même. Ces cellules, devenues « étrangères », commencent à faire autre chose que servir la globalité. L’organisme se retourne alors contre ces cellules, en vue de les éliminer. Les symptômes de la maladie qui se déclare alors ne sont rien d’autre que la tentative de l’organisme de se débarrasser des cellules infectées, et donc des virus qui les ont pénétrées, par exemple par de la toux, de la fièvre, des mucosités. Quelqu’un qui meurt d’une infection virale peut ainsi être victime de ses propres défenses.

Quand le corps devient un étranger

Plus une personne se trouve déjà, au préalable, dans une situation de distanciation d’avec son corps, plus elle est exposée à cette maladie virale, aujourd’hui le COVID-19. Conformément à la nature, cela vaut particulièrement pour le grand âge, tandis que les os se fragilisent, que la masse musculaire fond ou dans certaines maladies chroniques.

L’infection par le coronavirus peut s’avérer particulièrement sévère chez les personnes de plus de 80 ans, souffrant de diabète de type II ou d’une maladie cardiovasculaire. Moins je suis présent dans mon corps, moins il est, de fait, entièrement pénétré par moi, plus l’infection peut se répandre facilement dans le corps et plus les conséquences peuvent être lourdes. Il faut naturellement prendre en compte la manière dont les choses se passent avec une personne testée positive. Souvent, les malades sont retirés brutalement de leur environnement familier : au début de l’épidémie en Chine, ils ont été traités avec de nombreux autres malades dans des lieux d’accueil improvisés. La médecine conventionnelle n’a ici malheureusement ni médicament efficace ni vaccin à proposer. On fait souvent baisser la fièvre avec des médicaments. Ce qui en revanche peut sauver la vie dans des cas graves, c’est l’oxygénation et l’assistance respiratoire momentanée. C’est pourquoi il est important que les soins cliniques puissent se concentrer au maximum sur les patients gravement atteints.

D’après tout ce que nous savons ici, la peur et les traitements antipyrétiques sont une thérapeutique qui, au lieu de soigner ces patients, les rendent encore plus malades. Car ce qui aide la personne à surmonter la maladie, c’est tout ce qui la soutient pour mieux pénétrer son propre corps, l’irriguer de chaleur de part en part, afin de pouvoir mieux se sentir « chez soi » dans ce corps. De ce fait, il n’est pas surprenant de constater que la maladie n’est guère dangereuse pour les enfants. Cela vaut jusqu’à la cinquantième année, où le déroulement de la maladie correspond généralement à celui d’une grippe normale. Toux, rhume et grande fatigue sont les premiers symptômes typiques. Il peut ensuite survenir la manifestation dangereuse qu’est la pneumonie, qui se manifeste avant tout d’abord par une fréquence respiratoire accélérée.

La relation avec le soleil

Du point de vue médical cette fois-ci, le virus a des caractéristiques particulièrement problématiques. Il peut se passer ainsi beaucoup de temps avant que l’organisme ne se « réveille » et remarque qu’il y a à bord un hôte étranger et menaçant. Dans un cas documenté, la maladie ne s’est déclarée que 27 jours après la contamination. Cependant, en moyenne, le délai est de 5 jours, et au bout de 12,5 jours, 95% des cas sont manifestes. C’est pourquoi les personnes positives sont placées en quarantaine pour une longue durée de deux semaines. En outre, ce virus est plus contagieux qu’un virus de grippe normal. Pour ce dernier, un patient atteint peut contaminer en moyenne 1,3 personne, dans le cas du coronavirus, c’est plutôt 3 (pour des maladies hautement contagieuses comme la rougeole ou la coqueluche, c’est 12 à 18). La contagiosité est donc plus élevée que celle d’une grippe et en même temps, la maladie n’est visible que plus tard. C’est la conjonction de ces caractéristiques qui favorise un développement épidémique et rend les médecins nerveux sur toute la planète.

La relation avec le monde animal

Une grande énigme demeure : d’où viennent ces virus visiblement d’un nouveau type, et pourquoi sont-ils apparus ? Il est intéressant de constater qu’ils sont nombreux à provenir du règne animal. Le coronavirus vient probablement de la chauve-souris javanaise. Mais pourquoi les virus liés au monde animal deviennent-ils dangereux pour l’homme ? Nous faisons actuellement subir aux animaux d’indicibles souffrances : les abattages massifs, les expériences menées sur les animaux de laboratoire, entre autres, engendrent des douleurs auxquelles est livré sans défense le monde animal. Cette souffrance peut-elle avoir des conséquences qui modifient les virus indigènes de l’organisme animal ? Nous avons l’habitude de ne prendre en considération que le plan corporel et de le voir en général séparé du plan de l’âme. La recherche sur la flore intestinale, sur le microbiote, auquel appartiennent non seulement des bactéries mais aussi des virus, montre le contraire. Ainsi, ne se pose pas seulement la question microbiologique de l’origine des virus, mais également la question morale, celle de la manière dont nous nous comportons avec le monde animal. Rudolf Steiner a attiré l’attention sur ces correspondances il y a plus de cent ans. C’est à nous aujourd’hui d’investiguer ces liens et de réfléchir à des questions allant au-delà de l’analyse scientifique conventionnelle.

Que pouvons-nous faire ?

Au niveau personnel, il existe une série de mesures comportementales qui aident l’organisme à surmonter la maladie. Parmi elles, l’abstention d’alcool, une consommation de sucre modérée et le souci d’un rythme de vie comportant suffisamment de sommeil et un rapport actif avec le soleil. Ce dont souffre souvent notre système immunitaire, c’est du manque de lumière solaire, un manque qui se fait ressentir le plus fortement au mois de mars. C’est pourquoi, rapportée à l’année, la plus haute mortalité sous nos latitudes se situe à la fin du mois de mars. Elle est liée, en grande partie, au manque de soleil pendant les mois d’hiver et rappelle qu’il est extrêmement bénéfique de sortir tous les jours – en hiver si possible à midi – et de se relier ainsi à la périphérie, de façon tout à fait élémentaire, avec le cosmos. Rudolf Steiner s’est exprimé de façon détaillée sur ce point au moment de la fondation de la médecine anthroposophique, avant la découverte de la vitamine D, en prenant l’exemple de la tuberculose. Sachant que, pour le système immunitaire, les comprimés de vitamine D ne peuvent remplacer que de façon limitée l’absorption de lumière solaire. Du phosphore dynamisé et du fer météorique dans une dilution adéquate, pris le matin, peuvent de même soutenir les défenses immunitaires en tant que substances associées à la lumière. En outre, si l’on a déjà un certain âge, et que l’on souffre éventuellement de maladies cardiovasculaires, les médicaments anthroposophiques de base pour le système circulatoire sont particulièrement indiqués, ainsi que la marche régulière et un sommeil suffisant. Les personnes qui dorment moins de six heures sont nettement plus sujettes à ce genre d’infections.

Une respiration saine pour nous relier à ceux qui nous entourent

Lorsque l’on tombe malade, la mise en quarantaine est actuellement imposée, avec prise en charge à domicile des cas bénins. La médecine anthroposophique dispose de longues années d’expérience dans le traitement de pneumonies virales et bactériennes, sans antibiotiques, avec des médicaments anthroposophiques et des applications externes qui peuvent être remarquablement efficaces : c’est une réalité qui me paraît importante. Les médecins de la section médicale ont élaboré un schéma de traitement qu’ils ont mis à la disposition de leurs collègues sur le plan international.

Qu’est-ce qui affaiblit le poumon ? Notamment deux choses : un lien déficient avec la terre et le soleil, ainsi que des tensions sociales. Il est donc judicieux de protéger ses poumons, organes de respiration, de l’intérieur et de l’extérieur, en essayant d’apaiser les tensions sociales. Une personne impliquée dans des conflits sociaux non résolus est à mon avis davantage exposée.

La médecine a entretenu la croyance que l’on pouvait se protéger contre toutes les maladies contagieuses par des vaccinations. C’est une erreur. Même la vaccination contre la grippe n’offre un taux de protection que de 10 à 30 % ; le lavage soigneux des mains et le respect de l’hygiène en cas de toux et d’éternuements sont des mesures elles aussi efficaces – sans effets secondaires. Un pas important consiste donc à se détacher de cette image anxieuse et défensive envers le monde environnant et son propre corps et à se demander ce que l’on peut faire soi-même pour fortifier sa force de vie et son intégrité.


Article initialement paru dans Das Goetheanum, n° 11, 2020

Illustration de Fabian Roschka

Traduction de Claudine Villetet

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