Piotr Tchaïkovski
Depuis février 2020, le médecin Piotr Ilitch Tchaïkovski est représentant de pays pour la Société anthroposophique en Russie.
On raconte qu’un jour que Piotr Tchaïkovski et Sergei Prokofiev passaient la douane ensemble, le douanier qui vérifiait leur passeport avec étonnement se présenta à eux sous le nom de Debussy... Aujourd’hui, nous ne parlerons pas du compositeur, mais du nouveau représentant de pays au sein de la Société anthroposophique mondiale. Chargé de le présenter dans Anthroposophie aujourd’hui, j’entame une conversation avec mon ami Piotr.
« Parle-nous de ta carrière professionnelle ! »
« J’ai commencé par être assistant dans le département de visualisation des nouvelles recherches et des développements pratiques de l’Académie des sciences médicales de Moscou. J’ai ensuite opté pour des études de médecine, à la suite desquelles j’ai travaillé en tant que médecin pendant environ 25 ans. J’ai pu ainsi m’occuper de mes patients dans diverses cliniques privées de jour. »
« Tu parles de ta pratique au passé ? »
« J’ai maintenant 64 ans et je suis à la retraite. Beaucoup d’amis, de connaissances et d’amis d’amis me sollicitent pour des conseils. Je vis dans la banlieue de Moscou, mais je réside très souvent dans un petit village à environ 500 kilomètres à l’ouest d’ici. »
Une approche thérapeutique reconnue
« Comment en es-tu venu à l’anthroposophie ? »
« J’avais 19 ans quand j’ai connu l’anthroposophie et trouvé une patrie spirituelle dans le cercle de jeunes anthroposophes. Nous étudiions la science spirituelle de façon encore clandestine et nous jouions les Drames-Mystères de Rudolf Steiner dans des appartements exigus. Parmi mes meilleurs amis se trouvait Sergei Prokofiev. »
« Pouvais-tu mettre en pratique les préceptes anthroposophiques jusque dans ton métier ? »
« Oui, l’homéopathie a en Russie une tradition ancienne. Dès le milieu des années 1980, des médecins allemands et suisses vinrent nous enseigner les bases de la médecine anthroposophique. Et depuis un an, la médecine anthroposophique est officiellement reconnue par le ministère de la Santé en tant qu’approche thérapeutique. Nous avons de nombreux médecins anthroposophes dans tout le pays ; les médicaments anthroposophiques et homéopathiques sont disponibles partout. »
Mettre en relation, connecter, équilibrer
« Comment vois-tu ta mission au sein de la Société anthroposophique en Russie ? »
« Chez nous, beaucoup de choses sont difficiles. Donner une forme au social n’est pas notre fort. Les opinions, les sentiments et les émotions s’affrontent souvent. Je considère que ma tâche est de mettre sans cesse en relation, de connecter, d’équilibrer. C’est une tâche thérapeutique. »
« Quelles sont tes attentes vis-à-vis des anthroposophes d’Europe centrale ? »
« Je ne peux rien dire de général à ce sujet. L’enjeu consiste pour moi à favoriser un maximum de contacts et de rencontres personnelles dans les deux sens, de la Russie vers l’Europe centrale et vice versa. »
« Qu’est-ce qui te préoccupe particulièrement ? »
« En ce moment, je suis particulièrement préoccupé par la question du moi, qui est l’objet d’une lutte acharnée dans de nombreux domaines, surtout aujourd’hui. L’École de science de l’esprit est particulièrement importante pour notre travail. Je tiens régulièrement des leçons de Classe et j’organise des réunions de travail à Moscou, Nijni-Novgorod et Kazan. Les membres de la Classe se réunissent dans trois autres villes de Russie. Une grande rencontre des membres de la Classe est organisée chaque année, mais chez nous aussi nous connaissons bien sûr les limites que nous impose la crise du coronavirus. »
D’après une interview en russe traduite par Hans Hasler en allemand.