Santé des êtres humains, des animaux, des végétaux et des sols

Santé des êtres humains, des animaux, des végétaux et des sols

27 janvier 2025 Georg Soldner & Ueli Hurter 729 vues

« Comment renforcer la santé des êtres humains, des animaux, des végétaux et des sols ? » C’est la question que posent les sections d’agriculture et de médecine dans leur projet de recherche.


Avec la crise écologique et la multiplication des épidémies dues aux zoonoses (agents infectieux qui se transmettent à l’être humain du fait, le plus souvent, d’une intervention humaine dans la nature), il est de plus en plus urgent de considérer la santé humaine en lien avec la santé et la biodiversité des sols, des végétaux et des animaux. En 2022, les sections d’agriculture et de médecine ont entamé une collaboration avec le Swiss TPH (Institut tropical et de santé publique suisse, professeur Jakob Zinsstag) et l’Institut Louis Bolk (Pays-Bas) afin d’étudier et d’améliorer la situation sanitaire des entreprises agricoles en Europe à l’aide de l’approche One Health.

Cette approche propose plusieurs aspects centraux :

• étudier en parallèle, et de façon scientifique, la situation sanitaire des êtres humains, des animaux, des végétaux et des sols, et discuter des résultats avec les personnes concernées ;

• définir avec celles-ci, en premier lieu avec les agricultrices et agriculteurs (le cas échéant avec la participation de communes et entreprises coopérant sur le plan économique, comme les laiteries), des étapes pour améliorer la santé à tous niveaux et encourager la mise en œuvre du projet ;

• saisir scientifiquement les effets de cette mise en pratique.

Élargissement de la problématique

Au départ, le groupe voulait se concentrer sur la production laitière, d’une part parce que la vache occupe en biodynamie une place centrale alors que le secteur laitier est particulièrement critiqué par un mouvement végane de plus en plus important, et, d’autre part, parce que la pression économique est particulièrement forte dans ce domaine. Au cours de l’étude, on a élargi la focalisation à différentes fermes pratiquant l’élevage.

En 2024, des entretiens qualitatifs ont été menés avec des agriculteurs sélectionnés. Il en ressort les points suivants :

• Le bien-être mental, et parfois physique, des agricultrices et agriculteurs est étroitement lié à l’état de santé de leurs animaux. Les êtres humains souffrent eux aussi quand les animaux sont soumis à des exigences trop élevées, par exemple dans l’élevage laitier, l’aviculture, etc.

• En améliorant la qualité des sols et la résilience, une ferme biodynamique peut par exemple, à long terme, s’avérer bénéfique face au changement climatique.

• L’engagement vigilant et la propension au développement et au changement sont essentiels pour la santé des sols, des végétaux, des animaux et des hommes.

• Une relation positive avec les consommateurs est capitale pour le bien-être des agriculteurs et le sens qu’ils donnent à leur métier (estime de soi, contacts dans la boutique de la ferme ou vente directe des produits). À l’inverse, beaucoup d’entre eux se sentent seuls.

• La pression économique et la dépendance vis-à-vis des programmes de soutien gouvernementaux et supranationaux sont souvent difficilement vécues par les agriculteurs.

• Des relations stables dans la chaîne de création de valeur (par exemple avec les laiteries et les grossistes) jouent un rôle majeur.

Conversion en biodynamie sous contrôle scientifique

Actuellement, l’Institut Louis Bolk travaille à réaliser des premières études avec des agriculteurs actifs dans différents modes d’exploitation (conventionnel, bio et biodynamique) sur la base des résultats de ces entretiens qualitatifs. En Allemagne, une collaboration avec l’université de Witten-Herdecke et la faculté des sciences agronomiques de Kassel-Witzenhausen est en cours d’élaboration. D’autres démarches sont en cours de planification en Suisse.

Il existe en parallèle, grâce à David Martin (professeur à l’université de Witten-Herdecke), des liens avec le domaine égyptien de Sekem. Sekem a initié la conversion de plusieurs dizaines de milliers de petites fermes à la biodynamie, afin de générer des revenus supplémentaires grâce aux certificats liés au stockage du dioxyde de carbone. Cette conversion doit être accompagnée scientifiquement et il est désormais envisagé d’intégrer, dans ce cadre, l’approche One Health à l’évaluation scientifique.


Georg Soldner pour la section de médecine et Ueli Hurter pour la section d’agriculture

Dons Sections d’agriculture (mention : « Santé des êtres humains... »)