Construire ensemble la vie

Construire ensemble la vie

30 mai 2023 Gerald Häfner 2906 vues

Une famille ? Comment ça fonctionne ? Comment voulons-nous vivre ensemble ? Plus rien n’est figé. Personne ne veut plus vivre dans les vieux schémas et selon des modèles prédéfinis. La série des festivals de la famille de la section des sciences sociales offre des espaces d’échange sur la « famille aujourd’hui ».


Nous voulons être libres et autodéterminés, saisir notre destin, conquérir le monde. Nous sommes venus avec notre destin. Il est en nous, comme notre liberté. Personne ne nous dira comment vivre.

Voilà notre façon d’être dans le monde. Et pourtant, nous ne voulons être ni ermites, ni monades, ni seuls dans la vie. Un monde de solitaires serait froid, repoussant, aride et stérile. Nous, les êtres humains, ne sommes pas des solitaires, mais des êtres de relation. Nous avons besoin les uns des autres comme d’air pour respirer ou de lumière et de nourriture pour vivre.

Les enfants ont encore plus besoin de nous. Ils aspirent à la communauté et ont besoin d’elle.

Plus l’individualisation progresse, plus la force et la volonté de vivre de manière autodéterminée grandissent en chacun, plus la tâche d’organiser la vie commune en conscience devient urgente.

La cellule originelle de la cohabitation humaine

La question revient donc : comment pouvons-nous et comment voulons-nous vivre la famille ? Elle devient décisive, tant pour notre vie que pour l’avenir de la vie et de l’humanité en général. La famille est le germe de la vie, la cellule originelle de l’être humain. Elle nous offre une enveloppe au corps, à la vie et à l’âme. De la naissance à la mort, elle est là, elle nous porte et nous entoure. Elle est à la fois un cadeau, un destin et une mission. Elle ne préexiste pas, n’est pas donnée, mais produite par nous-mêmes et toujours à reconstruire.

C’est justement au cours de la période extrêmement dramatique de la pandémie que nous avons pu constater à quel point ce cercle personnel étroit est essentiel : un espace dans lequel nous nous soutenons, nous accompagnons et nous portons mutuellement en prenant soin les uns des autres et en étant là les uns pour les autres, un espace dans lequel nous nous regardons, nous nous donnons de l’amour, de l’affection, de la confiance et dans lequel nous évoluons ensemble et avec les autres.

Mais la famille n’est pas seulement propice à l’évolution, elle peut aussi l’empêcher, devenir une cage, voire un enfer. Certains en ont fait l’expérience. Certains craignent de fonder une famille parce qu’ils ne veulent pas faire subir à leurs enfants ce qu’ils ont subi.

Autrefois, la famille suivait des idées bien précises. L’homme et la femme disposaient de rôles bien définis. Ce qui comptait n’était pas sa propre vision du monde, son propre objectif de vie ou son propre bonheur, mais l’accomplissement d’une structure et d’un rôle prédéfinis par l’État, l’Église, les contraintes économiques et les idées sur l’environnement et les proches. Ces formes ont longtemps été transmises de génération en génération, sous forme d’enseignements dispensés par les anciens, par le prêtre ou des livres qui expliquaient minutieusement aux partenaires la répartition des rôles au sein du mariage et de la famille, et leurs propres devoirs en fonction de leur détermination sexuelle.

Trouver sa mission librement et en autodétermination

Aujourd’hui, les choses ont heureusement changé. Exit l’image unique et figée de la famille. La forme rigide a été brisée, les rôles jadis bien définis sont devenus interchangeables et perméables. Les hommes peuvent être délicats et vulnérables, les femmes, sûres d’elles et déterminées. La répartition des tâches et du travail n’est plus fixée à l’avance, mais peut être négociée et transformée librement.

Toutes les familles ne correspondent plus au schéma traditionnel père – mère – enfant : familles monoparentales, couples homosexuels, familles recomposées, familles élargies ou multigénérationnelles, communautés d’habitation et de vie ou écovillages.

Il n’y a plus de critère objectif, plus de « bien » ou de « mal ». Restent quelques questions : quelles sont nos expériences ? Comment allons-nous, comment vont nos partenaires ? De quoi avons-nous besoin et qu’apprenons-nous ? De quoi nos enfants ont-ils besoin ?

Les questions sont devenues plus complexes. C’est précisément parce qu’il n’existe plus une seule forme transmise depuis des siècles, mais toujours plus de formes différentes, que la question se pose aujourd’hui de manière pressante : comment veux-je vivre ? Comment puis-je trouver librement et de manière autodéterminée ma propre mission, mon chemin dans la vie, tout en décelant, en vivant et en transmettant un lien, une fidélité et une fiabilité ?

Nos enfants, en particulier, ont besoin des deux : d’adultes autodéterminés et fiables. Comment pouvons-nous vivre ensemble une telle fiabilité sans nous enfermer dans la prison des attentes figées, des jugements moraux ou des formes prédéfinies ? Pouvons-nous nous libérer, nous soutenir mutuellement, évoluer ensemble ?

Nous voulons aborder conjointement ces questions ainsi que d’autres, similaires. Nous vous invitons à le faire lors de notre Festival des familles, cet été au Goetheanum, à la plus belle période de l’année, lorsque le parc en fleurs constitue un cadre magnifique pour parents et enfants.


Festival des familles « Construire la vie ensemble ! » du 29 juillet au 1er août 2023, Goetheanum.