L'intériorisation est la base et non pas le but

L'intériorisation est la base et non pas le but

01 mai 2019 Alejandro Ranovsky 3422 vues

L'efficience du travail anthroposophique est basée sur l'impulsion spirituelle et l'étude de l'anthroposophie. Celle-ci ne s'adresse pas à un groupe particulier mais à toute personne. Voici des extraits d'un exposé d'Alejandro Ranovsky, donné lors du Congrès annuel au Goetheanum.


Quel est l'avantage de se trouver en Argentine, loin de tout ? Cela amène les gens à être créatifs. Cela aide également à interpréter l'écart de 100 ans depuis la fondation de la première école Steiner-Waldorf. C'est un trésor qui nous a été donné. On peut le cacher, le rendre intact ou le féconder afin qu'il grandisse et dépasse l'état dans lequel nous l'avons reçu.

Comment préserver aujourd'hui, quel que soit le contexte, la vitalité et la fécondité du mouvement Waldorf ? Préserver signifie conserver, tout en maintenant l'échange avec l'environnement, lui-même en transformation permanente par les individus. Que devons-nous préserver ou transformer pour maintenir vivante l'impulsion de l'anthroposophie ? L'impulsion spirituelle doit le rester, il ne faut pas y toucher. Les conditions historiques et locales ne sont plus valables sous leur ancienne forme.

L'impulsion spirituelle doit profiter à chaque enfant

Observons Rudolf Steiner et son geste créateur en 1919. Il agissait à partir de la situation de l'époque. Ce geste doit être conservé soigneusement. Si nous reproduisons la fondation de la première école Waldorf, les copies seront de plus en plus pâles. Mais si nous reprenons le geste créateur, nous devons – selon Rudolf Steiner – entrer en dialogue avec la vie juridique, le monde universitaire et la réalité sociale des personnes.

La première école Waldorf a été fondée pour les enfants des ouvriers qu'en général on ne trouve plus dans ces écoles aujourd'hui. L'enjeu est à présent de faire en sorte que l’amélioration des écoles Waldorf ne se fasse pas dans un lieu fermé, mais que l'impulsion spirituelle profite à chaque enfant.

Le travail sur la pédagogie Steiner-Waldorf en Argentine a trois talons d'Achille : dans le secteur culturel, notre langage s'est avéré incompréhensible dans le dialogue avec le monde scientifique ; face à l'État, nous n'avons cessé de demander des dérogations pour garder notre liberté pédagogique ; socialement, nous avons travaillé durant des décennies avec toujours le même groupe privilégié et homogène. Bref, nous ne correspondions pas, dans les trois parties de la société, aux attentes de la tripartition sociale.

Travailler avec les conditions du lieu

Nous avons cherché le contact avec les autorités, étudié des programmes de formation pour les instituteurs avec l’idée d’y injecter des éléments de l’anthroposophie et ainsi les compléter et les métamorphoser de l’intérieur pour mettre toutes ces idées à disposition des enseignants. Pour donner un exemple, nous ne dirons pas que nous ne voulons pas intellectualiser les enfants trop jeunes, mais si les programmes officiels le demandent, nous le ferons, de sorte que ce soit bien pour les enfants.

Les jeunes enseignants et les instituteurs, en formation dans notre institut officiellement reconnu, veulent agir à partir de l’anthroposophie. Ne trouvant pas de conditions à leur goût, ils vont affronter la tempête et travailler à partir des conditions du lieu. En adoptant cette attitude, nous cherchons à ne plus être perçus comme une « pédagogie alternative » et comme des personnes protégeant un trésor de la contamination. C’est le lieu dangereux de la pureté, de la perfection et de la stagnation.

Si nous faisons don de ce trésor, il ne sera pas dilué mais deviendra semence pour un changement et une métamorphose culturelle. L’étude de l’anthroposophie et l’intériorisation sont la base et non pas le but.


Incarnation perturbée

Quiconque observe la vie constatera, en particulier à notre époque si terriblement matérialiste, que le cas que je viens de décrire est extrêmement fréquent. […] Il y a quelque chose dans cette individualité, mais qui ne peut se manifester, car on n’a pas vraiment pris soin jusqu’au moment nécessaire de l’autre courant de développement. […] Des aberrations de la pire espèce […] viennent du fait que l’intéressé, dans son incarnation actuelle, n’a pas les organes qui lui permettraient de développer ses bonnes dispositions. Peut-être est-ce pour lui un bienfait que ces dispositions du Moi détruisent, déchirent l’enveloppe afin que se crée dans une incarnation suivante une meilleure possibilité de développement. […] Les choses ne se présentent pas toujours de cette façon radicale, mais ce genre de situation est fréquent à notre époque : on vit dans une atmosphère d’insatisfaction psychique, on n’espère rien, on ne sait pas ce qu’on doit faire de sa personne, en particulier entre 14, 15 et 21 ans.

Rudolf Steiner

Exposés sur la situation d’enfants et d’adolescents enclins à la violence, voir page 3, deuxième colonne et page 11, première colonne.

Source : GA 118, conférence du 30 janvier 1910.